Le nombre de fois que la justice a statué sur ce dossier est tout simplement incalculable. Pierre Urbain Dangnivo, disparu le mardi 17 août 2010 vers 21 h alors qu’il rentrait de son travail à bord de sa voiture, une Audi 80 immatriculée AC 2223 RB, n’a toujours pas trouvé la paix. L’âme du défunt refuse de se reposer tant que son assassin continue de circuler en liberté.
Depuis sa disparition tragique, plusieurs sessions judiciaires ont été organisées pour tenter d’élucider cette affaire. Des procès ont eu lieu en 2015, 2016 et 2018, mettant en cause les accusés Codjo Kossi Alofa et Donatien Amoussou. En dépit des investigations, des rebondissements et des révélations qui ne cessent d’émerger, la vérité complète reste toujours hors de portée. La justice n’a pas encore permis d’identifier de manière formelle et définitive le véritable coupable.
Récemment, une nouvelle session criminelle a démarré le 11 mars 2025 au tribunal de première instance de Cotonou. Cette nouvelle audience vient prolonger un procès qui, depuis plus de 15 ans, s’étend dans le temps, alimenté par des révélations aussi diverses que surprenantes. Certains des témoignages sont marqués par des éléments qui frôlent le mysticisme, donnant à cette affaire une dimension surnaturelle. En effet, la justice béninoise s’est vue confrontée à des versions de faits qui remettent en question la vérité officielle, avec des implications de personnalités politiques de haut rang.
Au fil des années, des ministres, des députés et même l’ancien président Boni Yayi ont été associés à cette affaire. Bien que l’ex-président ne se soit pas encore présenté à la barre, son nom revient fréquemment dans les débats, nourrissant la spéculation et l’incertitude autour de la vérité du dossier. Si, après 15 ans de procès, ce dossier n’est toujours pas clos, l’âme de Pierre Urbain Dangnivo continue de réclamer justice. Mais au-delà de la justice, c’est la tête de son assassin qui reste la priorité pour ceux qui cherchent à comprendre le pourquoi du comment de ce crime qui a bouleversé le Bénin.
En Afrique, la conception de la mort est différente de celle de nombreuses autres cultures. Les morts, dit-on, ne sont jamais vraiment partis. Ils vivent de l’autre côté du voile et, selon les croyances, ils continuent d’observer les vivants. Tant que le coupable n’aura pas été trouvé et jugé, l’âme du défunt continuera de hanter les consciences, et ce procès, avec ses nombreux rebondissements, continuera de traumatiser tant les acteurs du dossier que les citoyens béninois.
Aujourd’hui, alors que le Fâ (un système divinatoire traditionnel) est de plus en plus utilisé pour résoudre certains mystères et conjurer des malédictions, certains estiment qu’il serait pertinent que la justice béninoise l’utilise aussi pour éclaircir cette affaire et permettre à l’âme de Pierre Urbain Dangnivo de trouver enfin la paix.
L’affaire reste donc à suivre avec attention, car chaque nouvelle session pourrait bien être celle qui livrera enfin la vérité, pour le bien de la justice, et pour permettre à l’âme du défunt de reposer en paix.
Arnaud KOUMONDJI