L’ancien international béninois, Razack Omotoyossi, figure emblématique du football national, se retrouve aujourd’hui dans une situation de grande vulnérabilité et a eu le courage de demander de l’aide. Cette démarche, loin d’être un signe de faiblesse, met en lumière une problématique plus large : celle de la précarité des sportifs après la gloire et la nécessité d’une véritable solidarité pour leur reconversion, fait remarquer le journaliste Hugues Zinsou Zounon dans un coup de gueule mettant en lumière une réalité que beaucoup ne veulent pas comprendre.
Razack Omotoyossi a connu les sommets. Il a brillé sur les terrains, porté fièrement les couleurs du Bénin, et signé des contrats lucratifs. Une période où personne ne s’interrogeait sur la gestion de sa fortune ou son avenir post-carrière. Mais comme tant d’autres figures sportives et artistiques à travers le monde, de Mike Tyson à Whitney Houston, la vie peut basculer, et la gloire s’estomper.
Aujourd’hui, l’homme qui a fait vibrer des milliers de cœurs tend la main. Ce geste, courageux et digne, doit dépasser les jugements hâtifs. Certains murmurent des critiques passées, d’autres s’interrogent sur ses origines, mais l’essentiel est ailleurs. C’est un appel à l’aide, un cri silencieux qui résonne avec les destins de nombreux autres athlètes béninois qui, dans l’ombre, subissent les affres de la détresse sans oser demander de l’assistance. Le boxeur Aristide Sagbo, dit Soweto, en est un exemple poignant, ayant lui aussi connu la déchéance malgré une carrière prometteuse.
Le cas d’Omotoyossi n’est pas une histoire personnelle isolée ; c’est un véritable signal d’alarme pour l’ensemble de la communauté sportive et la société béninoise. Combien de sportifs, une fois les projecteurs éteints, sombrent dans l’oubli, la solitude, l’alcool ou la drogue faute de préparation à l’après-carrière ?
La vraie question n’est pas de savoir s’il faut aider Razack Omotoyossi, mais de réfléchir à la reconversion de nos athlètes. Au Bénin, nombreux sont ceux qui gagnent peu et qui n’ont pas eu l’opportunité d’acquérir d’autres compétences en dehors du sport. Une fois à la retraite, ils se retrouvent démunis.
Il est impératif de mettre en place des mécanismes pour permettre aux sportifs de se relever durablement et de ne plus être contraints de quémander. Cela passe par la création d’un cabinet de conseils et d’orientation dédié à la fin de carrière des athlètes. Les jeunes sportifs doivent être conscients que la carrière est courte et fragile ; les dépenses folles et le luxe ne peuvent masquer la nécessité d’une préparation solide pour l’avenir.
Comme le souligne l’auteur, « agissons pendant qu’il est encore temps. Pas par pitié, mais par solidarité. Par conscience. Par devoir de mémoire. Et surtout, par amour, mais l’aide n’est pas une obligation. » C’est une leçon que les sportifs en activité, malheureusement, ont souvent du mal à entendre. Il est temps que les leçons du passé, comme celle que vit aujourd’hui Razack Omotoyossi, soient prises en compte pour bâtir un avenir plus sûr pour nos héros sportifs.
