En République démocratique du Congo, la justice militaire a ouvert, vendredi 19 décembre à Kalemie, le procès de 121 militaires et policiers accusés d’avoir abandonné leurs postes lors de la prise de la ville d’Uvira par les rebelles de l’AFC/M23, au début du mois de décembre. Cette procédure judiciaire ravive le débat sur la discipline et la responsabilité des forces de sécurité en période de conflit.
D’après l’accusation, 66 militaires et 55 policiers auraient quitté Uvira par voie lacustre sans autorisation, alors que les combats étaient toujours en cours. Si certains éléments affirment avoir tenté de rejoindre, sous commandement, l’axe Fizi-Baraka, la majorité aurait pris la direction de Kalemie, dans la province voisine du Tanganyika, située à plus de 360 kilomètres.
Une partie des prévenus a été arrêtée à leur arrivée à Kalemie, tandis que d’autres demeurent introuvables. Lors de la première audience, organisée au Camp Marin dans le cadre d’audiences foraines, un peu plus de la moitié des accusés a pu être formellement identifiée.
Les prévenus sont poursuivis pour abandon de poste et désobéissance aux consignes en situation de combat, des infractions passibles de lourdes peines en droit congolais. Le procureur militaire a insisté sur la portée exemplaire de ce procès, soulignant la nécessité de préserver la discipline et le respect de la chaîne de commandement, même dans des circonstances critiques.
La défense, pour sa part, rejette les accusations, qu’elle juge excessives. Les avocats estiment que les soldats ont agi par instinct de survie face à un ennemi militairement supérieur et dénoncent une justice militaire qu’ils considèrent trop sévère. Après une audience consacrée à l’identification des accusés, l’examen du fond de l’affaire doit se poursuivre lors de la prochaine session, prévue ce lundi 22 décembre.
Fallone CHABI-BONI
