Dans le paysage politique béninois, où la cohésion est primordiale, une situation déconcertante vient bousculer la mouvance présidentielle. Abdoulaye Gounou, figure pourtant influente en tant que président d’une commission sensible, se retrouve sous le feu des critiques pour avoir relayé un texte problématique sur un forum international. Ce document, attribué à Awali Issaka, contient des allégations controversées concernant les attaques terroristes et djihadistes au Bénin. Il prétend notamment que le Bénin abriterait des bases militaires françaises, suggère une complicité entre la France et les terroristes, et insinue même une implication du gouvernement dans une exploitation néocoloniale des ressources du pays.
La démarche fait beaucoup réfléchir d’autant plus que Gounou, dont la position exige rigueur et loyauté envers les institutions, partage ces thèses. Son action soulève de sérieuses questions sur la manière dont ces informations, potentiellement préjudiciables à l’image du Bénin, ont pu être diffusées par quelqu’un de son rang. C’est un paradoxe flagrant : un individu censé défendre le régime se retrouve à diffuser des éléments qui peuvent le fragiliser.
Une réplique cinglante et les questions qu’elle soulève
La réaction à cette diffusion n’a pas tardé. Rachidi Gbadamassi, ministre conseiller à la Défense et ancien président de la même commission, a vivement réagi, qualifiant le contenu relayé par Gounou de « malhonnêteté intellectuelle ». Sans détour, Gbadamassi a lancé un avertissement clair : « Vous êtes un récidiviste […] il est temps que vous enleviez votre masque. » Cette phrase percutante reflète un sentiment de déception et d’une forme de trahison perceptible au sein de la mouvance présidentielle.
Ce désaveu sans appel de Gbadamassi n’est pas un événement isolé. Il s’inscrit dans un ensemble de comportements qui interrogent sur la posture d’Abdoulaye Gounou. Il est connu pour son habitude à véhiculer des informations et des commentaires qui, parfois, créent des remous au sein de la majorité, allant jusqu’à se faire rappeler à l’ordre par les responsables du parti. On observe une tendance à la diffusion d’éléments qui, même au sein des forums du Bloc Républicain (BR), peuvent être perçus comme critiques envers le président Patrice Talon. Si un opposant fait une déclaration, il semble que Gounou se charge de la relayer au sein du parti, ce qui a conduit les responsables du BR à s’interroger sur la nature de son engagement. Cette ambivalence soulève des interrogations sur la cohérence de son positionnement.
Une posture ambivalente et ses implications pour la cohésion
Le constat est d’une clarté déroutante : cette conduite, caractérisée par la diffusion d’informations et de commentaires parfois en décalage avec la ligne officielle, est perçue comme potentiellement plus déstabilisatrice que les actions de ceux qui, par le passé, avaient voté « non » à la révision constitutionnelle. Le fait que Gounou utilise des forums parlementaires internationaux pour véhiculer des écrits qui peuvent être perçus comme des attaques envers son propre pays est particulièrement préoccupant. Cela suggère qu’il ne s’agit plus seulement d’une opposition externe à la mouvance, mais potentiellement d’une dynamique interne qui nécessite une analyse approfondie.
La situation actuelle d’Abdoulaye Gounou met en lumière la complexité des relations au sein des formations politiques et la nécessité d’une grande vigilance quant aux informations diffusées, surtout sur la scène internationale. Ses agissements interrogent sur les motivations profondes derrière ces actions répétées et sur la manière dont la mouvance présidentielle entend gérer cette situation pour préserver son unité et son image. Quelles seront les prochaines étapes pour clarifier cette situation et assurer la cohérence du discours politique ?