L’hôtel F&F de Savalou a abrité ce jeudi le lancement officiel du projet N’tchité, une initiative de l’Association pour l’Éducation, la Sexualité et la Santé en Afrique (APESSA). Financé par le Centre de Recherches pour le Développement International (CRDI), ce projet vise à améliorer la santé sexuelle et reproductive des adolescents, notamment dans les couvents traditionnels vodun du département des Collines.
L’événement a réuni des représentants des ministères (Santé, Affaires Sociales, Culture), des maires, des rois et chefs traditionnels, ainsi que des ONG et chercheurs. La présence remarquée du roi de Savalou, Dada Ganfon Gangnihoun Toffa Gbaguidi XV, et des représentants des couvents vodun souligne l’importance d’une approche culturellement adaptée.
Dans son allocution, la Présidente de l’APESSA, Christelle Assogba, a rappelé les défis : « Au Bénin, 18,8 % des grossesses sont précoces, et les adolescentes des couvents manquent cruellement d’information et de services de santé. » Le projet N’tchité entend y remédier par l’éducation, l’autonomisation et l’accès aux soins.
Chef du projet, le Professeur Roch A. Houngnihin, a détaillé la stratégie : « Nous combinons l’offre de services de santé, le renforcement de l’estime de soi et des activités génératrices de revenus. » Ciblant 5 304 adolescents de 12 à 18 ans dans les communes de Savalou, Bantè, Savè et Ouessè, N’tchité s’étendra sur 42 mois.
Quant au représentant du préfet des Collines, il a salué cette initiative : « Votre présence témoigne de l’engagement collectif pour la jeunesse. » Geneviève Arawo, du ministère des Affaires Sociales, a insisté sur l’implication des autorités traditionnelles, cruciale pour lever les tabous.
Avec 14 millions de mères adolescentes chaque année dans le monde, dont 90 % en Afrique, le Bénin n’échappe pas à cette réalité. Les couvents vodun, où 75 % des adeptes sont des femmes, constituent un terrain d’action prioritaire.
À l’issue de l’atelier, les participants sont repartis avec une feuille de route claire, incluant la sensibilisation communautaire, le renforcement des capacités et le suivi des indicateurs.
Pour APESSA, l’objectif est clair : faire des couvents des espaces d’émancipation, et non plus d’exclusion.
Avec le soutien des institutions et des leaders traditionnels, le projet N’tchité pourrait marquer un tournant dans la santé reproductive des jeunes Béninois. Reste à voir comment les actions sur le terrain se concrétiseront dans les prochains mois.
