Le temps passe, mais la douleur reste intacte. On se souvient encore de cette fameuse date du 3 mars 2021 où en un clin d’œil, la vie d’une figure politique béninoise importante passe du paradis à l’enfer. Oui, Réckya Madougou a été injustement humiliée comme une vulgaire terroriste et arrêtée alors qu’elle sortait d’un rassemblement politique dans le cadre de l’élection présidentielle d’avril 2026. Aujourd’hui, cela fait exactement 1000 jours, soit 2 ans, 8 mois et 27 jours, que l’Amazone est injustement détenue à la prison civile de Missérété, séparée de sa famille et de ses deux enfants. Mille jours que cela dure. Mille jours que le peuple béninois réclame justice pour l’ancienne garde des sceaux, ministre de la justice.
En effet, candidate du parti Les Démocrates pour l’élection présidentielle d’Avril 2021, son rêve politique a été anéanti lorsque sa candidature a été rejetée, entraînant son arrestation sous des accusations de « financement du terrorisme ». Cette affaire a suscité l’indignation internationale, à cause de son procès qui a abouti à une peine injuste de 20 ans de prison en décembre 2021. Sans un procès équitable réclamé à cor et cri, la vie de l’ancienne ministre s’écroule.
Âgée de 49 ans, Réckya Madougou, est dotée d’un solide bagage académique avec des études à l’École des Hautes Études Internationales de Paris et à l’Institut Supérieur Européen de Gestion de Lille. Elle a également suivi un programme à la prestigieuse Harvard Kennedy School. Pourtant, elle se retrouve aujourd’hui privée de sa liberté, gardée dans des conditions les plus calamiteuses entre les 4 murs d’une prison selon ses avocats. C’est horrible. Son parcours professionnel, marqué par des postes de haute responsabilité dans les télécommunications, le gouvernement béninois, et des contributions notables aux initiatives d’inclusion financière en Afrique, qui devrait la placer hors de ces murs pour réfléchir au développement du pays pour lequel elle voue tout son amour. Mais Hélas ! C’est d’ailleurs pour ce pays qu’elle a accepté ces brimades qui la détruisent et la tuent à petit feu. Mais jusqu’à quand cela va-t-il encore duré pour que l’humanité prenne le dessus sur ce qu’elle endure ou lui fait endurer ?
Et pourtant, engagée politiquement depuis son combat contre la modification opportuniste de la constitution entre 2004 et 2006, Réckya Madougou a été même honorée du « Woman of Courage Award » par le gouvernement américain. Dans sa riche carrière, les distinctions n’en manquent pas. Et même, malgré des conditions carcérales difficiles, elle a maintenu son engagement social et intellectuel, travaillant à améliorer les conditions de vie en prison des autres et continuant à produire des réflexions sociétales significatives. Même au beau milieu de l’enfer, elle n’a pas abandonné son engagement pour sa cause. Réckya Madougou est une Amazone, par excellence, car son combat est noble.
Aujourd’hui, après 1000 jours passés en détention, les citoyens béninois réclament, d’une seule voix, sa libération. Pour le peuple béninois, elle est une innocente et reste un potentiel inestimable pour le pays. Le pouvoir en place doit comprendre cela. Le président Talon qui n’a certainement pas la pierre à la place du cœur, doit malgré sa colère entendre la voix de son peuple. Car si jadis, le président Boni Yayi n’avait pas entendu cette même voix du peuple souverain, il ne serait pas aujourd’hui à cette place.
Cette tragédie politique ne doit pas se dresser comme un mur pour le développement de la nation. Aujourd’hui, l’urgence est à la nécessité de rétablir la justice et de permettre à cette femme exceptionnelle de contribuer pleinement à l’avenir du Bénin. Cette mobilisation du peuple souverain pour sa libération est l’occasion, plus que jamais, pour le président Talon de réaliser un véritable coup de maître, s’il veut assurer une succession réussie en 2026, être porté en triomphe comme il le souhaite si tant. Le peuple appelle surtout à la défense des droits fondamentaux et de la démocratie au Bénin. C’est d’abord de cela qu’il s’agit. Car quand les portes de la prison s’ouvrent pour libérer un innocent, c’est le grondement assourdissant de la justice rétablie. « L’erreur est humaine, le pardon divin. » a dit Alexander Pop. ET c’est ce que souhaite le peuple béninois du président Talon quel que soit ce qui l’anime en ces moments-ci.
Nel Charbel KOFFI