Des mille et une interprétations écoutées çà et là, aussi bien des Bokônon du pouvoir que de ceux qui s’estiment libres et investis de ce pas, du devoir de dire la vérité au chef, il y a certains aspects qui reviennent souvent. Ils soulignent tous, sans exception, le fait que le Sa-Aklan fait allusion à la femme, que ce soit à gauche ou à droite.
À une femme en captivité. N’étant plus à l’époque des mythes royaux où il pouvait plaire au roi d’enfermer une femme dans ses cachots du palais, on peut croire qu’il s’agit visiblement de la candidate du parti Les Démocrate jetée en prison, Réckya Madougou. Et le message on ne peut plus clair : il faut vite libérer cette femme. Cette libération fait partie des premiers aspects du » Adra » et des différents » Voo-sissa » qui en découlent. Certains prêtres ont même développé cet aspect jusqu’à évoquer la question des exilés.
L’autre problématique unanime à toutes les interprétations, a trait à deux amis : deux amis en difficulté de communication et dont l’un aurait trahi par l’ingratitude de l’autre.
Le Fâ n’a pas été précis pour dire qui a trahi l’autre. Mais on voit visiblement qu’il s’agit du président Talon lui-même et de son alter-ego, Olivier Boko. Patrice Talon aurait-il, par le passé, promis à son ami de lui laisser le fauteuil une fois ses deux mandats passés ? Ou Olivier Boko avait-il, lui, promis à son frère de ne jamais rêver du pouvoir d’État pour que ses ambitions d’aujourd’hui de s’adjuger le fauteuil en 2026 puissent être prises pour une trahison ? Un déni de la parole donnée ? Il n’y a que les deux hommes pour savoir avec précision, ce à quoi fait allusion le Fâ de ce Tofâ 2024.
Sur un autre plan, les prêtres sont aussi unanimes sur l’évidence que quelqu’un et pas des moindres, se serait accaparé de tout ce qui appartient au grand nombre. Aujourd’hui au Bénin, les réformes sont formelles pour ne pas laisser distraire dans des poches privées, le patrimoine national. Dès lors, la seule personne qui peut aujourd’hui s’enrichir au Bénin à l’insu de tout le monde, ne peut être que celui-là qui a accès direct, mieux que tous les autres, au patrimoine national : le chef de l’État. Opérateur économique qui a cédé tous ses droits de propriété à ses enfants et à son ami Boko, tout pourrait porter à croire que le Fâ fait allusion au président Talon. Même si cela reste à vérifier parce que ne relevant pas d’une certitude mathématique, il est cependant permis dans les analyses, de tourner autour de la personne du président de la république.
Enfin, le même Fâ fait aussi allusion à un nuage noir sur le mandat du président. Les différentes interprétations exigent de lourds sacrifices pour aider le chef de l’État à finir son dernier mandat sur pieds. Mais là, il n’y a pas péril en la demeure. Le président Talon est un digne arrière-petit-fils de Guèdègbé (le prêtre du Fâ à la cour royale depuis des temps immémoriaux).
Quelqu’un qui a manœuvré son destin et celui de Boni Yayi par le Fâ et grâce au Fâ, à la veille de la présidentielle de 2016 avec brio, ne négligera pas le Fâ aujourd’hui que cela le concerne au plus haut point.
Il n’y a donc rien à craindre de ce côté. Comme l’ont souligné, la plupart des prêtres, le président Talon est sans doute déjà allé sur le tombeau de notre feue maman nationale, faire les rituels y afférents. Car le Fâ qui a parlé de la femme en captivité, a aussi fait allusion à la Femme, nos femmes, nos sœurs et nos mères.
Bons rituels donc au chef de l’État !
Aboubakar TAKOU
