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Chronique

Tribune de Eric TCHIAKPE : Les Africains et le pouvoir, une histoire de fous !

J’aborde ici un sujet tabou à cause des susceptibilités qu’il engendre et le frou-frou que cela créé. Mais je le dirai. Tant pis, il faut bien que quelqu’un en parle, même si les médias africains, de façon silencieusement unanime, ont pris l’habitude de n’en parler que lorsque cela concerne le voisinage. Un exutoire pour évacuer la frustration de se voir malmené par des chefs qui se sont établis et se maintiennent au pouvoir en dépit des dispositions de constitutions pourtant parfaites sur le papier.

Vous l’aurez compris, aujourd’hui, je voudrais m’intéresser aux choses de la cité, à l’exercice du pouvoir et à ceux qui l’exercent ou espèrent le faire. Pour être précis, je voudrais m’attarder sur l’espace francophone de l’Afrique sur lequel j’ai plus de connaissances, quoi que les échos du côté anglophone ne soient pas si différents. Il faut admettre que les Africains et le pouvoir, c’est une histoire particulière, qui commence souvent dans l’opposition.

Après avoir passé leur temps à critiquer, à dénoncer, c‘est bien souvent qu’on les voit, à l’épreuve du pouvoir, ces anciens opposants, faire exactement ce qu’ils reprochaient à leurs prédécesseurs. Sans faire l’effort de les citer, je commencerai à illustrer mon propos, par cet opposant historique. Je veux parler cet avocat sénégalais qui a fini par obtenir le pouvoir,  après plusieurs années passées dans l’opposition à se battre pour la justice et l’équité, disait-il. Son nom ; Abdoulaye Wade. Ayant pu accéder au pouvoir à la fin des années 90, le monde s’étonnera, des années plus tard, de constater avec quelle frénésie il a travaillé à détruire tout le capital sympathie qu’il avait obtenu de ses luttes pour la liberté, la démocratie, la transparence dans la gestion des affaires de l’Etat. A son tour, il s’est attelé à persécuter qui il voulait, à violer les textes fondamentaux, et à imposer ses vues à ses concitoyens, à pratiquer le népotisme comme jamais cela n’avait été encore connu au Sénégal. Pour couronner le tout, c’est au forceps que le peuple sénégalais a dû lui indiquer la sortir. Briguant contre la constitution un troisième mandat qu’il rendit possible à cause de sa détermination à s’incruster au pouvoir.

N’eût été le non massif et l’opiniâtreté du peuple Sénégalais à se débarrasser de lui, il serait encore à la tête de son d’une façon ou d’une autre, car l’homme envisageait son fils comme seul successeur à la présidence de la République. Autre pays, même réalité, et autre incongruité morale, toujours en Afrique francophone. Là nous sommes au Cameroun, le doyen des chefs d’Etat avec un règne de 4 décennies. Lui c’est Paul Biya, le doyen des présidents africains, à force de manœuvrer, il a fini par faire admettre aux siens que le Cameroun moderne ne peut exister sans lui. Certes, Biya, n’était pas un opposant à son prédécesseur Ahmadou Ahidjo, il était même son Premier ministre. Cependant,  il a été pour ce dernier un féroce  ennemi, le poussant à vivre puis mourir en exil, enterré quelque part au Sénégal presque dans la pauvreté. On retiendra que c’était pour lui un mentor.

Tout comme le Sénégalais, le président Biya ne s’accommodait pas de fioriture quand il s’agissait de ses opposants ;  John N’frudi, Maurice Kamto et autres ont senti et ont pu se rendre compte de la détermination de Biya à ne pas les laisser s’approcher de son pouvoir. Élection gagnée ou pas, l’essentiel étant de ne jamais lâcher le pouvoir, à ce jour c’est dans un désert de succession que Paul se tient du haut de ses 90 ans et plus, préparant, on le raconte, Franck son fils, à sa succession. Plus proche de nous, chez nos frères les Ivoiriens, c’est le Président Ouattara qui, lui aussi,  dans un style propre finira par s’imposer en 2020 pour un 3ième mandat qu’il avait pourtant juré par tous les dieux ne pas vouloir briguer. Par un prétexte en pacotille, il se ‘’re ’’ représenta et arracha le verdict en sa faveur, au prix d’un lot conséquent de morts. Bref, il ne lâchera pas le pouvoir. Avant lui, Gbagbo était bien content d’aller aux élections pour un 3ième mandat, après 10 ans à glander au pouvoir. La fin de l’histoire en 2010, on la connaît tous. Cette liste de Présidents qui ne sont pas prêts à céder, une once de cette drogue qu’est le pouvoir, n’est pas exhaustive, loin s’en faut. Ils, ces présidents, sont d’ailleurs plus proches que vous ne pouvez l’imaginer. Le pire c’est qu’eux même ne le savent pas, c’est souvent au moment de laisser les choses se faire qu’ils se rebiffent.

On pourra toujours dire que ç’est une affaire de génétique noire, mais Bouteflika l’algérien blanc,   même sur une chaise roulante et à l’agonie, n’était pas prêt à laisser le pouvoir !!!

Je vais m’en arrêter là,  car  je souhaite encore me balader dans cet espace régional sans avoir sans cesse à surveiller mes arrières. Avis  aux journalistes ! Faites  votre  travail et nous les écrivains,  on fera le nôtre.

 A bientôt,

Eric TCHIAKPE – Ecrivain

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