Nous n’allons pas revenir sur la définition de ce qu’est un réseau social pour expliquer le contexte ou pour nous situer. Nous savons tous qu’il s’agit de ces applications qui ont commencé à voir le jour au milieu des années 2000 et qui maintenant ont envahi nos téléphones avec le boom du numérique. FACEBOOK, WHATSAPP, TWITTER, SNAPCHAT, TIKTOK, INSTAGRAM pour ne citer que ceux-là, ont un succès auprès d’un public jeune. Mais aussi, auprès des générations quadra et quinqua voire plus.
En effet, rare sont les personnes qui n’ont pas de profil sur au moins un réseau social. Tout le monde ou presque, en a ici en Afrique. Pour tout dire, c’est une chose qui ne devrait étonner personne, à cause de nos cultures qui sont très extraverties, à savoir, tournées vers le prochain. Chez nous, les interactions sociales sont fortes et le cœur de notre nature est solidarité et partage. Cependant, une analyse rapide de ce que la majorité de ces centaines de millions de profils présentent laisse perplexe. Bien sûr, il faut éviter d’entrer dans les amalgames et de confondre tout le monde. Je vais dire ce que j’ai constaté avec une certaine amertume. Les profils des jeunes filles, parfois des femmes d’un âge certain, sont ainsi achalandés ; beaucoup de photos, les unes plus belles que les autres. Les postures préférées sont celles qui mettent en avant les cuisses, les fesses et les seins. De sorte que quand vous êtes un homme, vous êtes tout de suite attiré par les généreuses formes qui font la fierté des Africaines et désormais des émules dans le monde occidental. Les fesses, cuisses et seins sont comme on le dit en marketing, les produits d’appel. On ne voit que ça !!! Bien entendu, il y a des millions d’autres profils de femmes qui restent sobres, on le notera heureusement.
Sur certains réseaux sociaux, le défi est tout autre, en réalité, on y est volontairement plus exhibitionnistes. Lorsque vous prenez TikTok, par exemple, Instagram, sur plus de la moitié des profils féminins, ç‘est le mouvement des protubérances qui est le plus en vogue, notamment le postérieur, la poitrine. Dans des tenues moulantes, provocantes et sexy se trémoussent des fesses hors normes, des seins opulents ou forcés, des courbures plus que callipyges, tout ça pour avoir le plus de vues et d’abonnés. Des modèles de femmes dites influenceuses promeuvent le concept de ‘’femmes battantes’’ en vantant les mérites de la chirurgie esthétique bon marché, ou du bio ; façon de dire un corps qui n’a pas été reformé par le bistouri. Bref tout le narratif de ces supposées femmes battantes tourne autour de la plastique féminine, ou encore de comment s’émanciper avec ledit corps. Aucun sujet de fond, aucune perspective de développement pour leurs congénères. Sur un autre tableau, voisin et tout aussi rempli d’effarantes futilités, ce sont les nombreux chats et débats sur la gestion des infidélités entre hommes et femmes. Au final, avec un certain recul, on ne peut être qu’affligé de constater que certains Africains, autant des femmes que des hommes n’ont vu dans les réseaux sociaux qu’une formidable opportunité pour se livrer à la débauche, autant verbale que sexuelle. Plus de sexe, plus d’astuces pour être infidèles, plus d’injures… Bref une Afrique certes bien loin des stéréotypes et du modèle ‘’il y a bon Banana’’ que se faisaient les Occidentaux racistes, mais tout aussi loin de ce que nous-mêmes africains, nous nous faisions de nos cultures valorisantes et enrichissantes. Une Afrique déroutante quant au choix de ses filles et fils, mais heureusement pas de tous, car il existe un bastion de résistants, d’hommes et de femmes qui œuvrent sur les mêmes réseaux sociaux pour donner une meilleure perspective aux Africains.
Il y a tant à redire, mais cette fois, je m’en tiendrai là. Je reviendrai très certainement sur le sujet.
Éric TCHIAKPE – Ecrivain