Nous sommes tous autant que nous sommes, des prisonniers ambulants. Aussi vrai que le ciel se lève à l’Est et se couche à l’Ouest, le Bénino-canadien Richard Boni Ouorou peut avoir mérité mille fois la prison, mais certainement pas dans le dossier qui le fait séjourner à Missérété. Nous sommes encore en Afrique dont personne n’échappe à la culture malgré les multiples assauts de l’Occident pour nous faire oublier notre identité, notre culture. La générosité est africaine. Dans la confrontation des déclarations de Richard Ouorou Boni et des cadres du ministère de l’Intérieur, il est établi que le geste du généreux patron du parti Le Libéral n’a pas été fait dans les liens de la corruption comme cela a été ventilé. Son geste n’a pas précédé l’obtention ou la signature du récépissé provisoire de son parti politique. Mais bien après. Comme c’est la tradition en Afrique : quand vous êtes content, vous pouvez bien faire un geste généreux à l’endroit de ceux que vous jugez à l’instant à même de jouir de votre joie et de votre générosité. Et c’était exactement le cas dans cette affaire dite de « corruption ». Le récépissé provisoire 2025/n°079/MISP/DC/SGM/DPPAE/SPP/SA du parti Le Libéral a été signé le 25 avril 2025. Et c’est le lendemain, soit le 26 avril que dans une euphorie et surtout comme à ses habitudes, Richard Boni Ouorou a ouvert son sac et a fait un geste à ces cadres. Le droit étant avant tout le bon sens, le nom corruption n’aurait jamais été synonyme de ce geste. L’un de ses avocats en la matière, a été, on ne peut plus clair :
« … Oui, il a été dit qu’un agent du ministère de l’Intérieur a reconnu avoir reçu de l’argent. Mais il faut préciser que cette remise lui a été faite postérieurement à l’obtention du récépissé. Et lui-même, il a dit clairement et sans ombre que, quand Monsieur Ouorou a appris que son récépissé provisoire est signé, pris d’euphorie pour reprendre ses termes, il a mis la main dans son sac et m’a donné de l’argent. Manifestement, nous sommes tout au plus dans une circonstance de générosité africaine et je peux vous dire que si Monsieur Boni Richard Ouorou est là actuellement, il me semble beaucoup plus être victime de cette tradition africaine qui veut que spontanément, vous reconnaissez même si vous ne devez rien à quelqu’un, vous lui faîtes un geste. C’est tout le dossier ». Dès lors, l’on est en droit de se demander ce que le prévenu cherche encore en prison. Quel Béninois peut aujourd’hui lever le doigt pour dire qu’il n’a jamais fait de cadeau à un autre qui lui a donné de la joie ?
On comprend maintenant pourquoi l’opposition au régime de la Rupture, a commencé par brandir cette incarcération du Bénino-canadien comme une preuve de l’acharnement du président Talon contre tout le monde. Ce qui n’est pas le cas. Car le président Talon n’a pas la culture de la rancune. S’il avait eu, ne serait-ce qu’une petite envie de voir Richard Ouorou Boni en prison, il n’allait pas le laisser circuler libre depuis son retour au pays.
Il revient maintenant à la justice de corriger cette erreur pour ne plus trop donner raison à ceux qui continuent de penser que la justice béninoise est la plus grande malédiction qui ronge notre vivre-ensemble.
Aboubakar TAKOU