Le parti Les Démateurs paie au prix fort l’absence de son leader fondateur, Boni YAYI. Alors que ce dernier est en retraite sanitaire, une crise de gouvernance interne, latente depuis la déroute présidentielle, éclate au grand jour à l’approche des élections communales de 2026. Les symptômes de cette paralysie sont criants à Missérété, où un retrait collectif de candidats sonne comme un coup de semonce.
Cette défection massive n’est pas un simple accident de parcours. Elle est le résultat d’une lutte de pouvoir entre l’appareil national du parti, censé incarner une ligne collégiale via sa commission de positionnement, et des barons locaux qui jouent leurs propres cartes. Les noms de Noureni ATCHADE, Kamel OUASSAGARI et Nathanaël KITTI sont ainsi brandis comme les symboles d’un système où les logiques de clans prennent le pas sur la stratégie collective.
Pour les observateurs politiques, cette crise est structurelle. Elle révèle l’échec des Démocrates à gérer l’ère post-Boni YAYI. En l’absence d’une figure fédératrice et incontestée, les ambitions personnelles et les guerres de territoire refont surface, reproduisant les « comportements sournois » qui, selon les critiques internes, ont conduit à l’échec national.
La lettre de retrait des candidats de Missérété, bien que formellement courtoise, est un acte politique lourd de sens. C’est une sanction par la base, une preuve que le « malheur » dénoncé par un militant trouve toujours « un complice à l’intérieur » pour pénétrer la maison. Ce mouvement de protestation par le vide pourrait faire des émules dans d’autres circonscriptions, hypothéquant sérieusement les chances du parti de présenter des listes crédibles et unies en 2026.
La balle est désormais dans le camp de Boni YAYI. Son leadership est mis au défi : peut-il, ou veut-il, depuis sa retraite, reprendre le contrôle d’un parti qui semble se saborder de l’intérieur ? La survie des Démocrates comme force politique oppositionnelle crédible en dépend.



