Le paysage politique camerounais connaît un nouveau rebondissement : Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, a officiellement annoncé sa candidature à la prochaine élection présidentielle. Cette déclaration intervient à peine 24 heures après sa démission du gouvernement et sa rupture spectaculaire avec le président Paul Biya, dont il était pourtant un allié de longue date.
C’est par une « Lettre aux Camerounais » de 24 pages que l’ex-ministre a dévoilé ses ambitions présidentielles, fait savoir Rfi. Le document s’ouvre sur un hommage appuyé aux « pères fondateurs de la nation », dont l’esprit est invoqué face au « péril d’un régime à bout de souffle », selon ses propres termes.
Tout au long de ce texte, Issa Tchiroma Bakary dénonce les nombreux dysfonctionnements d’un système auquel il a pourtant appartenu pendant de longues années. « J’ai connu le pouvoir et j’en ai mesuré les limites », confesse-t-il, marquant ainsi une prise de distance nette. Il n’hésite pas à adresser une critique directe au président Paul Biya, affirmant qu’un « pays ne peut exister au service d’un homme. Il doit vivre au service de son peuple ».
Fort de ces constats, l’ancien porte-parole du gouvernement propose sa candidature, qu’il considère comme une « chance historique » pour le Cameroun. Sa longue lettre présente également les grandes lignes de son programme. Parmi les réformes envisagées, il propose notamment un retour à une forme de « fédéralisme choisi ».
La diffusion de cette lettre via les réseaux sociaux n’a pas tardé à provoquer une réaction du pouvoir. Presque simultanément, un arrêté signé du ministre de l’Administration territoriale, adressé au gouverneur de l’Extrême-Nord, a fuité par les mêmes canaux. Ce document interdisait toute activité politique du FSNC, le parti d’Issa Tchiroma, dans l’un des départements de la région. Un rappel clair que le régime qu’il a servi durant deux décennies ne lui fera désormais aucun cadeau.
