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Economie

Levée 750 millions de dollars en Euros Bond payable dans 14 ans : Les réserves du Dr Bertin Koovi

(Il présente ici l’historique de levées de fonds en Afrique)

« … je veux savoir quel est le taux d’intérêt des 750 millions de dollars par an… Ma question est que fait- t-on des 750 millions de dollars en 2024. Est-ce que ? Ce que nous faisons des 750 millions de dollars produit de revenus qui permettent de payer le loyer des 750 millions de dollars chaque année. Chaque année pour 14 ans à venir nous allons payer une annuité. Est-ce que l’usage de l’emprunt permet de générer des revenus pour payer le principal de 750 millions de dollars dans l’année de maturation ? Une dette n’est ni bonne ni mauvaise tant que vous ne savez pas si cela permet un effet de levier à votre économie. » Telle est entre autre la préoccupation de Dr Bertin Koovi, Économiste Fondamentaliste après l’Eurobond réalisé.
En attendant d’avoir des réponses et ce, pendant que l’on félicite le Bénin et ipso facto le ministre d’Etat Romuald Wadagni pour avoir émis avec succès sa première obligation internationale libellée en dollar US, et mobilisé 750 millions de dollars sur une maturité de 14 ans, Dr Bertin Koovi trouve que cet exploit est porteur de danger pour notre avenir. Selon lui, c’est le taux auquel le ministre des finances Wadagni a emprunté 750 millions de dollars, qui pose problème. Soit 7,86% sur 14 ans. Donc, 13 annuités. Mieux, l’effet de levier est négatif. Ce qui l’amène à dire qu’il peut trouver dans la semaine 1000 millions de dollars au Qatar à 4,5% pour 14 ans si le Benin en a le besoin. Et que pour cette raison le président Talon doit refuser cet Eurobond. Car c’est hypothéqué l’avenir du pays.


Lire son argumentaire pour mieux saisir sa préoccupation.

1Un « eurobond » (ou une « euro obligation ») est une obligation qui permet aux États ou aux entreprises d’emprunter dans une autre devise que celle du pays émetteur. Contrairement à ce que peut suggérer leurs noms, les eurobonds sont principalement libellés en dollars. On les distingue ainsi des deux autres catégories d’obligations que sont les obligations domestiques émises en monnaie locale et les obligations internationales émises en monnaie locale. Les pays émergents et préémergents, notamment africains, y ont eu souvent recours ces dernières années, à la fois pour financer leurs ambitieuses politiques d’investissement en matière d’infrastructures et pour restructurer leur dette [2][2]Par exemple, la Côte d’Ivoire et le Gabon ont opté pour…. Le marché africain, largement dominé par l’émission d’obligations souveraines, a ainsi représenté plus de 20 milliards dollars sur la période de 2007 à 2016. On estime que les eurobonds peuvent représenter aujourd’hui plus de 20 % de la dette externe des pays africains émetteurs.
2L’encours total des obligations internationales des pays émergents est principalement libellé en monnaie locale et seulement un tiers, environ, en devise. Le stock actuel se situe environ à près de 3000 milliards de dollars pour une cinquantaine de pays et plus de 1000 émissions. Contrairement aux pays émergents, la plupart des pays africains, à l’exception de l’Afrique du Sud et du Nigéria, pour des raisons qui seront explicitées dans cet article, émettent peu d’obligations internationales en monnaie locale.
3Ces flux de capitaux pourraient constituer un puissant effet de levier pour le financement du développement des économies des pays émergents à condition de faire l’objet d’une gestion optimale et rigoureuse de la part des États.
Les pays africains ont eu recours aux marchés internationaux depuis les années 2000 pour financer leur politique de développement économique …
Une conjonction de nombreux facteurs a favorisé et explique le recours aux marchés internationaux pour les pays africains
4De nombreuses raisons liées, d’une part, aux performances et au désendettement des économies africaines et, d’autre part, à une meilleure perception du risque de la dette africaine des investisseurs étrangers ont favorisé le recours aux marchés internationaux.

Des raisons liées aux performances économiques et aux plans d’investissement
5Depuis plus d’une décennie, la croissance des pays africains, à l’instar de nombreux pays émergents et pré-émergents, a été très élevée, se situant entre 5 et 7 %, dopée, notamment, par la forte croissance de l’économie chinoise. Cette dernière a alimenté une hausse de la demande et une augmentation des prix des matières premières. Les économies subsahariennes ont toutefois fait l’objet d’un ralentissement en 2015, la croissance annuelle n’atteignant que 3,5 % selon le Fonds monétaire international (FMI), son niveau le plus bas depuis une quinzaine d’années, et devrait continuer à ralentir en 2016 pour s’établir à 3 %.
6Les pays africains pré-émergents [3][3]Dans cet article, nous estimons que certains pays africains, au… ont tiré profit de l’augmentation de leurs ressources budgétaires issues de la hausse des prix des matières premières pour financer des projets d’infrastructure de grande envergure (autoroutes, aéroports, barrages électriques, installations de câble de fibre optique …). Ils ont également eu recours aux marchés internationaux pour financer la réalisation de ces projets.
Des considérations structurelles
7Les annulations de dette des bailleurs institutionnels tels que le FMI (initiative PPTE, IADM …) ou dans un cadre d’accord multilatéral (Club de Paris …) ont permis à de nombreux pays africains d’afficher un meilleur ratio d’endettement (dette extérieure/produit intérieur brut largement inférieur à 40 %) et de pouvoir se rendetter à des conditions favorables.
8A titre d’illustration, la Côte d’Ivoire a bénéficié en 2012 d’un important programme d’allègement de dette en bénéficiant d’une réduction de 4,4 milliards de dollars de la part de la Banque mondiale et du FMI, au titre de l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) et de l’initiative d’allégement de la dette multilatérale (IADM), ainsi qu’une baisse de 4,7 milliards de dettes bilatérales accordée par le Club de Paris.
9En vue de lever des fonds sur les marchés intérieurs, les pays africains ont initié, depuis quelques années, une politique de développement des marchés obligataires domestiques. Toutefois, leur taille reste assez modeste et les taux pratiqués, souvent plus défavorables que sur les marchés internationaux ont incité les pays africains à s’orienter vers ces derniers.
10En fait, les pays africains et pré-émergents auraient tout intérêt à émettre des obligations souveraines en monnaie locale. En effet, ces dernières présentent plusieurs avantages. Tout d’abord, elles permettraient de réduire la dépendance à la dette en monnaie étrangère, source du fameux « péché originel » de Eichengreen, Hausmann et Panizza (2002). Les émissions internationales en monnaie locale réduisent la vulnérabilité liée à l’asymétrie des devises et des maturités tout en améliorant la composition de la dette. Ensuite, elles transfèrent le risque d’inflation et le risque de change sur les investisseurs. Enfin, l’émission en dette locale peut réduire le risque de défaut car cette dernière n’est pas impactée par une dépréciation de la monnaie contrairement aux émissions d’eurobond. La dette domestique, si elle n’est pas excessive, peut favoriser la conduite de la politique monétaire mais également le développement des marchés financiers et l’intermédiation financière.
11Or, les marchés domestiques africains et pré-émergents sont peu développés et se heurtent notamment à une insuffisance d’épargne liée à une faible inclusion financière. Le marché obligataire demeure étroit, les marchés de couverture peu sophistiqués, et le marché secondaire inexistant. Les investisseurs sont donc largement plus enclins à souscrire des obligations émises en devise. A ce titre, ils sont davantage disposés à souscrire à des taux moins élevés et des maturités plus longues. En outre, ils n’ont pas à assumer le risque de change, ce dernier étant supporté par le pays émetteur.
Des raisons tenant au changement d’attitude des investisseurs étrangers
12Enfin, l’amélioration des politiques publiques, de la gouvernance économique et les efforts en termes de transparence économique et financière matérialisés par les notations des agences internationales ont eu pour effet de rassurer les investisseurs internationaux. En outre, le contexte de liquidité abondante, de faiblesse des taux d’intérêt prévalant dans les pays développés les a incités à placer leurs fonds sur des nouveaux marchés tels que ceux des pays africains, une occasion de diversifier leurs risques tout en augmentant leurs rendements. En fait, les premières souscriptions des obligations internationales de la part des investisseurs internationaux ont eu lieu dans les années 1990. Ces derniers ont investi alors dans les dettes mexicaines, brésiliennes, russes et de certains pays asiatiques et se sont orientés progressivement (début des années 2000) vers les dettes des pays africains à la recherche de rendements supérieurs.
Ces financements internationaux peuvent présenter des avantages pour le développement des économies des pays africains
Les eurobonds peuvent répondre au besoin de financement des infrastructures
13Si certaines émissions d’eurobonds ont permis de refinancer la dette externe, la levée de fonds internationaux a pour vocation affichée de financer les projets d’infrastructures en cours en Afrique. Les perspectives de croissance des économies africaines sont associées à un développement des infrastructures dont les besoins annuels sont estimés à 93 milliards de dollars par la Banque africaine de développement (Étude diagnostique par pays de l’infrastructure sur le continent, 2010).
14Ainsi, l’Afrique du Sud a pu lever 3,25 milliards de dollars entre 2013 et 2016. Le Nigéria, entre 2011 et 2013, a pu emprunter 2,5 milliards de dollars. Les pays de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) et de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC) sont également actifs sur les marchés internationaux. La Côte d’Ivoire a pu placer 1,7 milliard de dollars d’obligations souveraines ces dernières années alors que le Gabon a emprunté 2,5 milliards entre 2007 et 2013 (voir Figure 1 ci-dessous).

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