Suite à l’adoption de la loi n° 2025-09 régissant la chefferie traditionnelle en République du Bénin, plusieurs régions (Wémè, Agonlin, Xwla, Ifangni et Illikimou, ainsi qu’Abomey-Calavi, Adja-Ouèrè, Aguégués et Akpro-Missérété) ont exprimé des revendications pour être reclassées dans les catégories de chefferies centralisées (royaumes), peu centralisées (chefferies supérieures) ou non centralisées (chefferies coutumières). Le Gouvernement, s’appuyant sur les conclusions du Comité technique ayant travaillé sur le sujet entre 2022 et 2023, a rendu publiques les raisons du non-aboutissement de ces demandes. Voici les justifications apportées aux différentes régions concernées.
Concernant la demande d’intégration du royaume de Wémè-Dangbo à la liste des royaumes, le Comité technique a rappelé l’histoire de la région de la vallée de l’Ouémé, marquée par la dispersion du peuple Wémè après 1706 et la destruction du royaume originel d’Adjohoun lors de la guerre contre le Danhomè en 1708. L’entité de Dangbo n’ayant pas retrouvé le statut de royaume, elle demeure une chefferie supérieure.
La requête de la dynastie royale des sept collectivités Houèdonou a également été examinée. Le Comité a souligné que si le lignage est d’origine adja, un lignage seul ne constitue pas un royaume, d’autant plus qu’il est situé dans la région historique de l’Ouémé.
Face à la contestation de l’absence du Palais royal d’Abomey-Calavi de la liste des palais royaux, il a été expliqué qu’Agbomè-Kandofi était une garnison militaire aïzo créée par Agadja après la conquête d’Alada en 1724, servant de détachement d’Agbomè pour contrôler la région, avec des représentants nommés par les rois du Danhomè.
Le mécontentement des habitants de Xwla, demandant la reconnaissance du Royaume Xwla Djèkin, s’est heurté aux recherches historiques. Il a été établi que Djèkin a été détruit par Agadja en 1732 et n’a jamais été restauré à la veille de la colonisation, contrairement à Alada et Kétou restaurés en 1894 par l’administration coloniale qui avait créé l’unité administrative du Littoral en 1892.
La demande d’un séminaire parlementaire par la région d’Agonlin pour maintenir son palais royal sur la liste a été rejetée, car l’Agonlin était historiquement une province dépendante du royaume du Danhomè, avec des représentants et une administration nommés par ce dernier, avant d’être détachée et érigée en canton par le colonisateur en 1894.
Enfin, concernant les demandes de reconnaissance des chefferies d’Ifangni, de Pobè, de Bonou, d’Adja-Ouèrè, des Aguégués, d’Akpro-Missérété et d’Illikimou, plusieurs clarifications ont été apportées. Adja-Ouèrè est reconnue comme une chefferie moyennement centralisée. Pobè est identifiée comme une chefferie religieuse plutôt que politique. Ifangni n’a pas été répertoriée parmi les royaumes yorubas du Bénin actuel. Aguégués et Bonou sont considérées comme des entités wémè avec une structure politique fragmentée. Quant à Illikimou, le Comité a conclu que son rôle d’étape dans le couronnement de l’Alakétou de Kétou ne lui confère pas le statut de chefferie centralisée ou supérieure.
Jean De Dieu TRINNOU