Ce jeudi soir, à l’issue du journal télévisé de 20h30, le ministre d’État Abdoulaye Bio Tchané, chargé du Développement et de la Coordination de l’Action gouvernementale, a présenté un bilan éloquent des réformes structurelles engagées depuis 2016 à ce jour. Face aux caméras de la télévision nationale et d’autres médias, il a détaillé les piliers de la transformation du Bénin, insistant sur la refonte de la planification nationale et la consolidation législative comme leviers de la résilience économique.
La planification, cœur de la renaissance béninoise
Avant 2016, le Bénin naviguait « à vue », sans cadre stratégique unifié. Malgré la vision « Bénin Alafia 2025 » adoptée en 2000, sa mise en pratique était paralysée par l’incohérence des politiques publiques et l’absence de continuité entre les gouvernements. Le diagnostic était sans appel : multiplicité des outils, défaut de prospective et projets peu viables menant à des échecs coûteux.
La rupture initiée en 2016 a reposé sur :
- Un Plan National de Développement (PND) 2018-2025, décliné en deux Plans Opérationnels Quinquennaux (PAG 2016-2021 et 2021-2026).
- L’intégration systématique des objectifs de développement dans tous les ministères, via des Directions de la Planification, de l’Administration et des Finances (DPAF).
- La création d’une banque de projets pérennes, garantissant la continuité de l’action publique au-delà des alternances.
Résultat : le Bénin affiche une croissance soutenue, une explosion des infrastructures routières, une couverture énergétique étendue, et une industrialisation dynamique, incarnée par la Zone Économique Spéciale de Glo-Djigbé (GDIZ). Celle-ci a déjà créé 12 000 emplois et en prévoit 35 000 supplémentaires d’ici fin 2025. « Ce miracle a un nom : la planification et la méthode. Le pays a changé, et les Béninois en sont fiers », a martelé le ministre.
L’arsenal législatif : Garantir l’efficacité et la transparence
Pour ancrer ces avancées, le gouvernement a comblé un vide juridique criard. La loi-cadre n°2024-09 du 20 février 2024 encadre désormais la planification du développement et l’évaluation des politiques publiques. Elle impose :
- L’harmonisation des outils de planification dans toute l’administration.
- L’évaluation systématique des politiques, via le Conseil National de l’Évaluation (CNE) et le Cadre Institutionnel de l’Évaluation des Politiques Publiques (CIEPP).
- Des études de faisabilité obligatoires pour tout projet public, formalisées dans un Guide de conduite validé en mars 2025. Ce référentiel prévient les retards, dépassements budgétaires et échecs, transformant les études en « levier stratégique » plutôt qu’en « formalité administrative ». « Sans texte contraignant, la gouvernance reste une aventure. Désormais, aucun dirigeant ne pourra ignorer les axes prioritaires de développement », a souligné Bio Tchané.
Perspectives : Du Bénin 2025 à la Vision 2060
Le ministre a annoncé l’élaboration de la « Vision Bénin 2060 », qui tracera la trajectoire du pays jusqu’au centenaire des indépendances. Cette feuille route s’appuiera sur :
- Le premier Plan National de Développement (PND)* de la nouvelle vision.
- La généralisation de l’évaluation des politiques publiques, avec l’appui du PNUD et de l’UEMOA.
- Le renforcement des coopérations transfrontalières, comme le Programme de Coopération Transfrontalière Locale (PCTL2), cofinancé par l’UEMOA et la Suisse, pour stimuler les investissements structurants et la cohésion sociale.
Sur le terrain : GDIZ, symbole de la réussite
Les visites répétées du ministre à Glo-Djigbé illustrent l’impact concret de ces réformes. Il y a salué :
- L’installation de 32 investisseurs, dont trois usines textiles transformant 12,5% du coton béninois.
- La formation de 6 000 jeunes aux métiers industriels d’ici fin 2025.
- La priorité donnée aux matières premières locales : « Fournir les usines en coton et noix de cajou béninois est une question d’intérêt national », a-t-il insisté.
« Le Bénin n’est plus le même », a conclu Abdoulaye Bio Tchané, rappelant que la clé du succès réside dans « l’alliance de la rigueur législative et de l’opérationnalité terrain ». Alors que le pays s’apprête à lancer sa Vision 2060, le modèle béninois de planification méthodique s’impose déjà comme une référence en Afrique de l’Ouest. Reste à pérenniser cet héritage – le défi des prochaines décennies.
AY