Une nouvelle crise diplomatique oppose les États-Unis au Nigeria après les déclarations menaçantes de Donald Trump, qui a évoqué samedi une possible intervention militaire contre le pays africain, l’accusant de tolérer la persécution des chrétiens.
Des accusations fermement rejetées
Dans des publications sur les réseaux sociaux, le président américain a affirmé préparer une opération « rapide et féroce » si Abuja ne mettait pas fin, selon lui, à une « campagne de persécution » contre les chrétiens, qu’il impute à des groupes jihadistes selon Rfi. Le président nigérian Bola Tinubu a rapidement réagi, niant dans un message publié dimanche que les chrétiens soient davantage visés que les autres communautés par les violences dans le pays.
La réponse diplomatique d’Abuja
Plutôt que l’escalade verbale, les autorités nigérianes ont choisi la voie de l’apaisement. Un conseiller en communication de la présidence a suggéré dimanche que les deux chefs d’État s’expliquent directement lors d’une rencontre bilatérale. « Lorsque les dirigeants se rencontrent, les résultats sont meilleurs », a-t-il estimé.
Le porte-parole présidentiel a par ailleurs relativisé les déclarations de Trump, rappelant que l’ancien président américain « a son propre style de communication ». Tout en accueillant « favorablement le soutien américain dans la lutte contre le terrorisme », Abuja a tenu à rappeler la nécessité de respecter « notre intégrité territoriale ».
Une loi américaine au cœur du contentieux
Pour Blandine Chelini-Pont, professeur d’histoire contemporaine à l’Université d’Aix-Marseille, cette crise s’inscrit dans le cadre de la loi américaine sur la liberté de religion dans le monde, adoptée en 1998 et fermement défendue par les lobbies chrétiens proches de Trump.
« Cette mobilisation a abouti à une loi qui oblige le gouvernement américain, dans ses relations diplomatiques, à demander des comptes sur le respect de la liberté religieuse », explique la spécialiste. Cependant, elle souligne que Trump « a exagéré la réponse » puisque la loi « n’autorise pas à menacer de représailles militaires » un pays qui ne respecterait pas cette liberté.
Une posture électoraliste ?
Selon l’experte, ces accusations récurrentes dans les milieux conservateurs américains s’apparentent davantage à de la « communication politique » qu’à une analyse fondée sur la réalité nigériane. Les chercheurs et analystes soulignent régulièrement que les violences au Nigeria relèvent de dynamiques complexes – conflits pastoraux, criminalité organisée, tensions intercommunautaires – bien au-delà du seul facteur religieux.
Washington n’avait pas précisé dimanche soir si des discussions étaient en cours concernant une éventuelle rencontre entre les deux dirigeants, laissant planer le doute sur l’issue de cette crise diplomatique inédite.



